Malachites & Marie-Antoinette
Le parc des Expositions de Villepinte accueillait ces derniers jours une vaste exposition dédiée à la maison. Plus précisément, ce salon était destiné aux créateurs très haut-de-gamme en ameublement, vaisselle, linge de maison, etc. qui exposaient leurs produits pour que d'autres professionnels les achètent et les diffusent dans leurs boutiques non moins très haut-de-gamme.
Pour meubler mon blog, j'avais trouvé bon de m'y rendre et une mienne cousine m'avait très opportunnément prêté son badge pour pénétrer dans ce temple du goût. Là tout n'était qu'ordre et beauté, luxe, calme et bourgeois ripolinés au bras de leur rutilante bourgeoise. J'étais, moi, vêtu de baskets, d'un jean un peu fatigué et d'une veste lavasse, noire à l'origine mais dont on n'arrive pas à démêler si elle est aujourd'hui verte ou marron ou violet foncé.
C'est dans cet équipage que je me mis à déambuler avec admiration parmi les stands.
Mais au bout d'un moment, la splendeur lasse. Les stands étaient tous tellement beaux que c'en devenait agaçant. Je déprimais à l'idée de rentrer dans mes 37 m² décorés chez IKEA et au BHV et où rentrent à peine le piano, le lit, l'armoire et la tourniquette à faire la vinaigrette.
Mon attention devint aussi difficile à conquérir que celle du galleriste le plus snob de Kensigton.
Je fus réveillé par la découverte d'une salle de bain entièrement en malachite : baignoire, psyché, vasques... et surtout (accessoire important dans une salle de bain, on se sait jamais de quoi la vie est faite) une imposante colonne corinthienne en malachite avec chapiteau doré à l'or fin. La baignoire, quant à elle, évoquait moins un objet servant à se décrasser quotidiennent qu'une cuve baptismale pour emperereur byzantin de la grande époque. Bizarrement quand j'entrai dans ce stand - dont la dite salle de bains en malachite occupait au moins 80 m² - les sales agent levèrent un peu la tête, me regardèrent avec mépris et se replongèrent dans leurs comptes. Comment avaient-ils devinés que je n'étais pas l'oligarque russe qui achèterait cette salle de bain à 350 000 euros ? Hein, comment avaient-ils devinés, heu ? Je ne sais pas. Si vous avez une idée, ne la gardez pas égoïstement pour vous.
Le dernier stand qui me sortit de cette torpeur où plonge la continuelle perfection vendait des niches d'intérieur pour caniche frisotté ou siamois obèse nourri exclusivement au caviar osciètre. Bien sûr, la notice des niches ne précisaient pas qu'elles étaient destinées à de tels caniches ou à des félins soumis à une aussi effroyable diète, mais le design parlait de lui même. On pouvait choisir entre la niche pagode - petite alcôve tarabiscotée peinte façon chinoiseries XVIIIe - et la niche Marie-Antoinette - lit miniature surmonté d'un baldaquin tendu des soies les plus chatoyantes. Un pays où l'on vend des lits Marie-Antoinette pour les chats au même prix que les 100 tentes du canal Saint Martin est un pays qui peut avoir confiance en l'avenir. La jeune fille préposée à ce stand fut plus avenante que les vendeurs de salles de bain en malachite. Elle vint discuter avec moi. Avec assez d'à-propos, elle devina que je n'étais pas un pépère à chien-chien ni une mémère à chat-chat. Aussi me glissa-t-elle de son air le plus commercial :
- Mais vous savez, même si vous n'avez pas d'animal vous pouvez en acheter pour décorer votre intérieur. C'est très joli dans un salon, une petite niche à chats en style Marie-Antoinette.
Comme disait mon maître Philippe Meyer, nous vivons une époque moderne.
Pour meubler mon blog, j'avais trouvé bon de m'y rendre et une mienne cousine m'avait très opportunnément prêté son badge pour pénétrer dans ce temple du goût. Là tout n'était qu'ordre et beauté, luxe, calme et bourgeois ripolinés au bras de leur rutilante bourgeoise. J'étais, moi, vêtu de baskets, d'un jean un peu fatigué et d'une veste lavasse, noire à l'origine mais dont on n'arrive pas à démêler si elle est aujourd'hui verte ou marron ou violet foncé.
C'est dans cet équipage que je me mis à déambuler avec admiration parmi les stands.
Mais au bout d'un moment, la splendeur lasse. Les stands étaient tous tellement beaux que c'en devenait agaçant. Je déprimais à l'idée de rentrer dans mes 37 m² décorés chez IKEA et au BHV et où rentrent à peine le piano, le lit, l'armoire et la tourniquette à faire la vinaigrette.
Mon attention devint aussi difficile à conquérir que celle du galleriste le plus snob de Kensigton.
Je fus réveillé par la découverte d'une salle de bain entièrement en malachite : baignoire, psyché, vasques... et surtout (accessoire important dans une salle de bain, on se sait jamais de quoi la vie est faite) une imposante colonne corinthienne en malachite avec chapiteau doré à l'or fin. La baignoire, quant à elle, évoquait moins un objet servant à se décrasser quotidiennent qu'une cuve baptismale pour emperereur byzantin de la grande époque. Bizarrement quand j'entrai dans ce stand - dont la dite salle de bains en malachite occupait au moins 80 m² - les sales agent levèrent un peu la tête, me regardèrent avec mépris et se replongèrent dans leurs comptes. Comment avaient-ils devinés que je n'étais pas l'oligarque russe qui achèterait cette salle de bain à 350 000 euros ? Hein, comment avaient-ils devinés, heu ? Je ne sais pas. Si vous avez une idée, ne la gardez pas égoïstement pour vous.
Le dernier stand qui me sortit de cette torpeur où plonge la continuelle perfection vendait des niches d'intérieur pour caniche frisotté ou siamois obèse nourri exclusivement au caviar osciètre. Bien sûr, la notice des niches ne précisaient pas qu'elles étaient destinées à de tels caniches ou à des félins soumis à une aussi effroyable diète, mais le design parlait de lui même. On pouvait choisir entre la niche pagode - petite alcôve tarabiscotée peinte façon chinoiseries XVIIIe - et la niche Marie-Antoinette - lit miniature surmonté d'un baldaquin tendu des soies les plus chatoyantes. Un pays où l'on vend des lits Marie-Antoinette pour les chats au même prix que les 100 tentes du canal Saint Martin est un pays qui peut avoir confiance en l'avenir. La jeune fille préposée à ce stand fut plus avenante que les vendeurs de salles de bain en malachite. Elle vint discuter avec moi. Avec assez d'à-propos, elle devina que je n'étais pas un pépère à chien-chien ni une mémère à chat-chat. Aussi me glissa-t-elle de son air le plus commercial :
- Mais vous savez, même si vous n'avez pas d'animal vous pouvez en acheter pour décorer votre intérieur. C'est très joli dans un salon, une petite niche à chats en style Marie-Antoinette.
Comme disait mon maître Philippe Meyer, nous vivons une époque moderne.