Psychanalyse de la langouste (suite)

Publié le par pierre

Ce we, je suis passé près d'une poissonnerie. C'était dans le quartier Daguerre, à Paris. Le mois de septembre était à son apogée, m'enserrant dans ses bras chaleureux et doux de mois de septembre voulant se faire pardonner le mois d'août.

Je venais de passer vingt-quatre heures en compagnie de la Beauté même, qui en plus d'être la Beauté, est également intelligente, musicienne et très sympathique. La Beauté était descendue du Ciel, je ne sais pas pourquoi, c'est comme ça. J'accepte de bonne grâce de telles situations quand il plaît au Très-Haut de m'éprouver.

Et bien que mon esprit fut encore polarisé par la Beauté, je vis tout d'un coup Zita sur l'étal de la poissonnerie. Elle me regardait de ses yeux malicieux de langouste quoique quelque chose en eux semblât moins éclatant qu'à l'accoutumée.

- Comment cela se fait-il, belle Zita, ô astre de mes jours, que tu languisses ici, abandonnée de tes chers maîtres ? lui dis-je sur l'air de l'acte III de la Traviata.

- J'ai mordu mon psychanalyste et j'ai mangé par erreur toute la collection de BD d'Edika de Brandon, me répondit-t-elle en modulant ses explications sur l'air de l'acte V de Lucia de Lamermoor.

- Quoi ???? (Là, j'avais repris ma voix normale, teintée cependant d'un peu de colère.) Tu as mangé 25 BD d'Edika ! Et en plus tu viens, par tes gémissements, troubler la quiétude voluptueuse de ce dimanche de septembre ? Fi, tu mérites le court-bouillon.

Jamais langouste ne quitta cette vallée de larmes dans un plus auguste court-bouillon que celui que je lui fis. (Âmes sensibles, ne pleurez pas, les langoustes n'ont pas de système nerveux central.) Le court-bouillon estoit à l'eau de mer, au chablis, parfumé d'un délicat bouquet de légumes liés par un fil de soie, parfumé aussi de safran, de clou de girofle et de tant d'autres épices que les décrire entièrement serait ressusciter par la magie du verbe la cargaison d'une goélette de retour des Indes.

Et la mayonnaise alla mieux à Zita que toutes les robes fourreau qu'elle avait portées par le passé lorsqu'elle chantait des airs de blues, mollement accoudée sur des pianos à queue et tenant dans sa septième patte un porte-cigarette en argent...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Manger une queue de langouste qui a un complexe de castration, ça doit pas être super nourrissant ;-)<br />  <br />  <br /> <br /> P.S : le cuisinier, s’appellerait pas Omar ? (Simpson)*<br />  <br />  <br /> <br /> * humour lacanniais.
Répondre
M
Félicitations pour n'avoir pas oublié le safran dans le court-bouillon.Car un court-bouillon sans safran, c'est comme une langouste sans mayonnaise ou un hachis parmentier sans pomme de terre et sans viande.
Répondre
U
  Bravo, merci, et salutations. Concernant l'accord des robes fourreau, je profite (à nouveau) de l'espace d'expression que constitue ton blog pour ... étaler consciencieusement ma crasse ignorance.
Répondre
P
Utilisateur anonyme : j'ai essayé de corriger les fautes ; on écrit bien des robes fourreau, non ?<br /> Tetaclacs : Sous-entendrais-tu que les textes lacaniens sont de la soupe ? J'avoue que pour en avoir lu quelques uns...<br /> Cerise : mais non, c'est très interessant la psychanalyse d'une langouste. Certes elle n'a pas de système nerveux central, mais quand une langouste souffre d'un complexe de castration, ça l'atteint beaucoup plus qu'un être humain... Avis aux lacaniens.<br /> STV : il y a pire que la langouste mayonnaise, c'est la langouste à la mexicaine : avec trois louches de piment (testé à Cancun). En gros, c'est du piment qu'on paye au prix de la langouste...
Répondre
S
Tout ça pour ça, alors que tout le monde sait bien que le meilleur dans la langouste, c'est quand même la mayonnaise...
Répondre