Orgie romaine et bonnes manières

Publié le par pierre

Comme je vous le disais tantôt, je me suis rendu récemment à une orgie romaine organisée par un ami pasteur calviniste.

L'orgie avait très bien commencée. Le thé coulait à flot, les petits fours étaient succulents et je gagnai successivement plusieurs manches de bridge. A part un pli que je fis à mon smoking en m'asseyant sur une chaise Louis XVI, je m'amusais follement, racontant des blagues de Toto à Paris Hilton qui jouait à saute-mouton avec son chiwawa dans le salon de musique.

Vers le milieu de la soirée, le pasteur frappa trois fois dans ses mains, donna quelques coups sur son verre qui émit des notes délicates s'en allant voltiger dans les lustres de cristal, et dit, une fois le silence fait :

- Mesdames et Messieurs, cette orgie romaine ne saurait se réduire à un moment de plaisir égoïste. Aussi je vous propose de consacrer quelques instants aux petits enfants de Neuilly qui n'auront peut-être plus de caviar à manger cet hiver en raison de la raréfaction de l'esturgeon Place de la Madeleine. Pourquoi ne pas tricoter des chaussettes tous ensemble pour parer aux assauts du général Hiver, si vous voulez bien me pardonner cette périphrase aussi éculée qu'inepte ?

"Pourquoi tricoter des chaussettes alors qu'on s'éclate ?" me paraissait une question beaucoup plus pertinente.

Néanmoins je m'attelai à l'ouvrage et tricotai plusieurs chaussettes roses et marron, très laides, en pointure 47.

Assise à côté de moi, Elisabeth II était beaucoup plus douée. Elle tricota une dizaine de strings en pure laine, en taille 47 aussi. Elle me confia qu'elle n'en donnerait que la moitié au pasteur, gardant l'autre moitié pour draguer à Mykonos l'été prochain.

Après ce fastidieux intermède textile, l'orgie reprit son cours avec un petit concours de poèmes en alexandrins sur le thème "Le second principe de la thermodynamique". Paris Hilton gagna haut la main avec le vers suivant :

J'aime le son du cor, le soir au fond du moteur diesel HDI

Mais voilà. Ce n'était plus comme avant, et morne fut la fin de la soirée.

Depuis, les vacances sont finies. Il me faut aller gagner ma langouste quotidienne à la sueur de mon front.

J'ai l'âme mélancholieuse.

Publié dans Bonnes manières

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